dimanche 10 janvier 2010

Kristina



Kristina Rady s'est pendue aujourd'hui, à son domicile, alors que Bertrand Cantat, chanteur du groupe Noir Désir, le père de ses enfants, était présent, peut-être endormi dans la chambre.
Cantat, Noir Désir, leurs postures de rebelles conformistes ne m'ont jamais intéressé. En revanche, j'avais été impressionné par la dignité, le courage de Kristina Rady, après le drame que nous connaissons.
J'ai eu alors l'impression qu'elle faisait face, non pas en accentuant sa présence réelle, mais, au contraire, grâce à un exceptionnel effort d'abstraction physique. Sortie par un fait divers de l'ombre où elle se tenait, Kristina supporta la violence des projecteurs en ne leur opposant qu'une absence inflexible. Elle réussit l'exploit de défendre son compagnon contre le reste du monde, de protéger sa famille sans offrir aucune des figures majeures de ce type de représentation sociale : le chagrin, le désespoir, l'affliction.
Elle était déterminée.
Quel abîme s'ouvre sous nos pas, un jour ou l'autre ?

18 commentaires:

Saul a dit…

ils n' étaient pas si conformistes qe ça Patrick..et puis ne se disaient pas vraiment rebelles..

http://www.dailymotion.com/video/xny3e_noir-desirthe-holy-economic-war_business

ça date de 90 ou 91, je ne me rappelle plus, et assez prémonitoire

Anonyme a dit…

Le suicide par pendaison est le plus brutal qui soit. Ce qui a poussé cette femme qui montrait un visage si fort à une telle extrémité est du ressort de l'ultra-intîme. Si ce n'est que la justice, une fois de plus, va s'y intéresser de près.
Quant à Noir Désir, moyen moins. De Bordeaux à Vilnius.

Corinne a dit…

Je n'ai pas vraiment suivi toute l'histoire, mais il semblerait que ses enfants étaient aussi présents lors du drame. Je pense à eux. Y a t-elle pensé elle aussi ou a t-elle agi sur le coup d'une impulsion ? Je me garderai bien de porter un jugement, les passions étant par essence incontrôlables et il me semble que c'est le fil incandescent de ce drame.

Patrick Mandon a dit…

Vous avez tous compris, bien sûr, que je ne jugeais nullement l'acte de Kristina, ni, bien sûr, je n'associais son acte désespéré à son compagnon, pour lequel, je le redis, je n'éprouve aucun intérêt artistique et humain.
J'ai simplement évoqué la figure de cette femme, au cours de l'épisode qui l'a placée dans une très cruelle lumière. Autant j'avais trouvé Cantat disons inférieur à la situation, autant j'avais été impressionné par le courage moral de Kristina et par sa «transparence» d'une grande intensité. Son suicide m'a fait éprouver sa très grande solitude et son opacité troublante.
Je salue Saul, qui vient trop peu souvent nous rendre visite.

Patrick Mandon a dit…

Très bel hommage rendu à Kristina par Lorenzo, auteur du blog TraMeZziniMag, et nouvellement arrivé parmi nous.

Anonyme a dit…

Hommage élégant pour elle, qui a décidé d'en finir… Paix et respect

Patrick Mandon a dit…

Oui, «rest in peace» kristina.

mohameda a dit…

Ah, oui, charmante dame... se suicider chez soi (quelle bonne idée!) et laissez son propre enfant, au petit matin, découvrir sa dépouille à mi-plafond, traumatisé à vie... Quel cadeau, que de grâce dans ce geste... Paix et respect -lol.

Patrick Mandon a dit…

De quel organisme en décomposition de type pétronien surgit cette prétendue mohameda ?

mohameda a dit…

...de la chatte à ton père.

Patrick Mandon a dit…

Vous prétendez vous appeler mohameda ! Cette usurpation d'identité, à connotation évidemment raciste, signale vos origines idéologiques. Retournez, je vous prie, sur le tas de fumier où vous avez prospéré, dans l'anonymat qui vous protège très mal…

mohameda a dit…

Bon, j'avoue, je ne suis pas d'origine maghrébine - j'eus été mieux reçu sans ça j'imagine - mais le fond du problème reste le même : vous racontez nimporte nawak mon vieux !

olyvier a dit…

Comme souvent sur les blogs, j'ai le sentiment que, n'ayant pas grand chose à dire, je ferais mieux de me taire. Le drame évoqué devrait doubler ma vigilance.
J'éprouve pourtant le besoin de vous dire que des garçons très loin, loin de mille façons, quand ils apprenaient que j'étais français, me passaient une main sur l'épaule et me regardaient très droit dans les yeux, avec intensité - durs, implorants, exigeant quelque chose de l'ordre d'une fraternité obligatoire, un dû - et ces garçons-là,
ceux de l'Irak dévasté,
ceux de la Turquie pauvre,
ceux des camps de réfugiés palestiniens,
ils m'ont tous dit
"Le vent nous portera, Noir Désir",
et cette référence qui n'était pas la mienne n'a pas fini de me bouleverser.

Patrick Mandon a dit…

À l'usurpateur d'identité, qui sent l'identitaire : il me semble que vous avez risqué un pied, ici, sous un autre pseudonyme. Je ne suis pas d'un tempérament placide, aussi ne vous laisserai-je nullement souiller ce blog avec vos traînées fécales. Je vous conseille de relire attentivement ce qui fut écrit à l'origine du fil, sur le suicide d'un être humain, et sur le mystère qu'il constitue à mes yeux. Je vous laisse à vos «remuements» de confusionnel.
Olyvier, je suis, plus qu'à tout, sensible au «surgissement» que provoque un style ; le vôtre me donne un début de vertige. Il n'empêche : M. Noir Désir demeure à mes yeux inférieur à son cruel destin, et, poétiquement infantile.

olyvier a dit…

Patrick,
Nous définissons peut-être ici ce qu'est un culte.

Patrick Mandon a dit…

Olyvier, un culte de la jeunesse à une idole lointaine, bien entendue mais mal comprise ! Et puis, qu'y a-t-il à comprendre ? Un Rimbaud du pauvre, un répétiteur de maigres révoltes. J'entends bien votre propos relatif à vos rencontres, et je comprends votre étonnement lorsque vos garçons murmuraient ces paroles, mais j'aurais préféré qu'ils chantassent Le condamné à Mort ou Capri c'est fini.
Je suis infiniment touché par la mort affreuse, énigmatique de cette femme, qui paraissait si forte pour les autres, et qui ne fut que désespoir pour elle-même ! Je ne place cette tragédie que dans son propre et vertigineux mystère. Ce que ressentaient les uns et les autres à l'écoute des chansons de celui qui fut son mari, m'indiffère.
Mais vous, vous ne m'êtes pas indifférent.

olyvier a dit…

Oui, pardonnez-moi d'avoir insisté. Ne croyez pas, surtout, que votre propos n'ait pas été lu, ou qu'il ait été lu sans retentissement intérieur, sans proximité. Mais de cela, je ne saurais rien dire.

Patrick Mandon a dit…

Mon cher Olyvier, je crois beaucoup aux affinités électives, au hasard objectif, au courrier sans destinataire et qui pourtant est lu par la personne qui l'attendait. Je crois aussi que nous traversons des apparences, et que ce monde est plein d'étrangeté…