jeudi 14 octobre 2010

Mélancouler avant de sombrer




On dit qu'il vit seul, a-t-il fait le deuil des idéaux passés ?
 Debout sur le seuil, face à ses écueils
Est-il déjà usé ? Comme une lame émoussée

Ni retour de flamme, ni rappel, ni renouveau
A-t-il versé trop de larmes, trop courbé le dos ?

Là bas, loin du monde, lorsque la nuit tombe, par quoi est-il hanté ?
La peur de son ombre, plane-t-elle sur le nombre
De ses amours ratées comme un cœur éclaté ?

Ni geste ni signal, serait-il encore trop tôt ?
A-t-il versé tant de larmes qu'il n'a plus d'eau
Pour baigner son âme et vivre à nouveau ?

Les jours se confondent, a-t-il pu se fondre et apprendre à nager ?
Des lieues à la ronde, personne pour répondre
M'aurait-il mal jugée ? À jamais étrangers

Ni retour de flamme, ni rappel, ni renouveau
A-t-il versé tant de larmes qu'il n'a plus d'eau ?
Privée de son âme, je pars en lambeaux au fil de l'eau.

Un cœur éclaté, extrait de l'album de Françoise Hardy,  La pluie sans parapluie

«Au moment où j’ai reçu la mélodie de Pascale Daniel, sur laquelle j’ai écrit le texte
Un cœur éclaté, j'étais en train de lire tous les romans que je pouvais trouver 
de Rosamond Lehmann. Elle n’en a pas écrit énormément. C’est une romancière anglaise, 
qui avait eu je crois un succès de librairie international, au début du XXe siècle, avec un roman 
de jeunesse qui s’appelait "Poussière". En fait, je suis arrivée à cette romancière par un film 
anglais qui m’avait beaucoup émue et m’avait amenée à lire le livre dont il était l’adaptation,
"Le jour enseveli". La mélodie de Pascale Daniel, est extrêmement mélancolique...
J’ai commencé à écrire dessus, sans penser spécialement au livre "Le jour enseveli".
Mais, petit à petit, je me suis aperçu qu’en fait, sans m’en rendre compte, j’évoquais un peu 
le personnage masculin de ce livre.»

(Françoise Hardy, à propos de la chanson Un cœur éclaté, extrait
de son dernier disque, La pluie sans parapluie)

Le livre ci-dessous, de Rosamond Lehmann, a été publié chez Plon,
sous le titre Le cygne au crépuscule : Fragments de vie



25 commentaires:

thé a dit…

n'allez pas me chercher ailleurs ; suis assez grande pour pouvoir venir toute seule

J.M.Théaux a dit…

Mélancouler.

Enthousiasmant, cher Patrick, votre mot-valise !

Patrick Mandon a dit…

Cher Jean-Michel, votre amicale présence nous devient très précieuse.
Thé, où voyez-vous que je vais vous chercher ? Il se trouve que, là où je passe, parfois, je vous salue avec une amabilité appuyée qui, je l'imagine toujours avec un certain plaisir, vous met dans les transes de la sorcellerie. Mon conseil : ici, vous pouvez abandonner cette vilaine habitude que vous avez de supprimer le pronom nominal. Il est temps de remiser votre panoplie du petit télégraphiste…

thé a dit…

"Tant pis pour le bois qui se trouve violon, et nargue aux inconscients, qui ergotent sur ce qu’ils ignorent tout à fait ! "

Plus sérieusement, c'est plus une transcription du français contemporain où les clitiques sujet sont phonologiquement assez réduits qu'un style télégraphique.

Patrick Mandon a dit…

Thé, êtes-vous certaine qu'on puisse solliciter dans votre cas la linguistique et ses clitiques sujets ? Quoi qu'il en soit, il est à mon avis d'autres moyens d'«encrapuler» la langue, pour reprendre un terme utilisé par le cher Arthur, dans la même lettre à Isambart, qui évoque le «bois qui se trouve violon»…
Mais j'y songe tout soudain : n'est-ce pas dans cette même missive que Rimbaud-le-Momo prétend que «je» est un autre ? Votre détestation presque sacrée du pronom nominal serait-elle d'essence rimbaldienne ? Arthur surgirait-il derrière votre aversion pour les «clitiques sujets» ?
Réponse souhaitée, mais moins si affinités.

Anonyme a dit…

"Thé, êtes-vous certaine qu'on puisse solliciter dans votre cas la linguistique et ses clitiques sujets ? "
Oui, on le peut. La linguistique ne me fait pas peur. Linguiste de formation, mais j'aime par dessus tout la poésie.

" Quoi
qu'il en soit, il est à mon avis d'autres moyens d'«encrapuler» la langue, pour reprendre un terme utilisé par le cher Arthur, dans la même lettre à Isambart, qui évoque le «bois qui se trouve violon»…
Effectivement.
Vous ai dit que c'était transcription et non volonté délibérée de faire style. Qu'il soit télégraphique ou tout autre.

Et, effectivement encore, c'est dans cette même lettre.
Mais non, cela n'a rien à voir avec Rimbaud, laissant "rimbaldien" aux mauvaise copies de philo.

thé a dit…

mauvaises

et pas eu le temps de signer

Anonyme a dit…

Est-ce là Thé qui sévissait ailleurs jadis ? La suffisance et le jargon amphigourique qui masque à grand peine un discours aussi creux qu'une coquille de noix vide y sont, pas de doute, c'est bien elle.
Sinon, Françoise Hardy ?

Patrick Mandon a dit…

Thé, je suis très satisfait de vos progrès. Certes, il manque encore des clitiques sujet(s), dont il me paraît curieux de croire qu'ils sont «phonologiquement assez réduits» : la disparition d'un phonème ne saurait être confondue avec son altération sonore, ce n'est pas à une linguiste que j'apprendrai cela !
Mais je ne désespère pas de vous voir revenir, un jour prochain, à un usage courant de la langue écrite. Gageons que je célébrerai tantôt votre retour au pronom nominal. Mais si cela n'advenait pas, eh bien, vous et moi, j'en suis certain, nous nous en consolerions ! Nous avons si peu de choses à nous dire, que nous pouvons aisément nous priver des pronoms personnels, des articles et même de la ponctuation !

Corinne a dit…

Françoise, c'est un peu nous toutes, dans nos heures de doute, c'est la nostalgie, la mélancolie, la féminité, l'eau, la lune et ses cratères insondés.

Patrick Mandon a dit…

Chère Corinne, je veux dire simplement que je me réjouis de vous voir revenir ici, de temps en temps. Oui, Françoise H., qui parle ici d'un homme, c'est tout ce que vous dite, même l'audacieuse image de «la lune et ses cratères insondés…»

Corinne a dit…

Cher Patrick, j'aime ! Voilà tout. Et quand j'aime, je suis fidèle, de temps en temps mais en fait, tout le temps :-)

thé a dit…

Ne confondez pas .
Un phonème est une unité de sens, si on peut parler ainsi. A dire dans un français courant, il est toujours des à peu près regrettables. Et, celui ci en est un.
Oui, en français , on va dire "courant", on rencontre de plus en plus fréquemment une réduction des clitiques
et en même temps un redoublement de ces clitiques
chsui
iva
moi je
Certaines études doivent traîner sur internet, ce n'est pas un phénomène nouveau.
Quant à un usage de la langue écrite, je pense la manier aussi bien que vous.
Un problème avec le clavier qui n'a pas accepté les traits d'union ; c'était peut-être volontaire de sa part. A moins que vous ne l'ayez ensorcelé.
Oui, vous avez tellement peu de chose à me dire qu'il faut que vous me les disiez au travers de plusieurs blogs que nous fréquentons.

La ponctuation, certains lui ont tordu le cou ; par contre l'article résiste bien, sauf dans les titres des journaux sportifs, mais bon.

Et, ne vous faites aucune illusion, ce n'est pas moi qui manquerait à accorder :
" La suffisance et le jargon amphigourique qui masque "
"

Patrick Mandon a dit…

«chsui, iva» n'ont aucun rapport avec «moi je» du point de vue de la linguistique. Là-dessus, je suis formel ! Quant au phonème, chère amie, il me paraît que, «dans l'incessant glissement de la chaîne du signifié sur la chaîne du signifiant», il n'est pas exactement une unité de sens.
Je tiendrais volontiers une discussion sur la linguistique, mais, voyez-vous, je crains d'ennuyer mes amis.
Par ailleurs, je vous fais observer que je me contente de vous saluer, sur les autres blogues dont vous parlez, parce que je n'ignore pas que mon immodeste personne vous agace au plus haut point.
Je ne me soucie guère de vos manières d'acariâtre, mais je n'ai pas du tout aimé vos propos injurieux à l'endroit de ma très chère amie Nadia, il y a de cela quelque temps.
Nous n'avions rien à nous dire, mais nous en avons assez dit !

Anonyme a dit…

Ma pauvre Thé, vous vous vouliez blessante, vous êtes juste ridicule.
C'est bien votre jargon seul qui tente de masquer votre discours creux et pompeux. Vous n'aviez pas compris ?
Votre suffisance, elle, hélas, ne masque rien du tout. Vos frustrations, peut être, mais cela ne regarde que vous.
Une prochaine fois, lisez avec un peu plus d'attention.

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit…

Merci de nous éviter une discussion sur la linguistique mon très cher Patrick, je vous préfère dans la lune, explorant ses cratères insondés.
Cette petite passe d'armes a néanmoins le mérite de combler une lacune. Je n'avais jamais eu l'occasion de dire à la gracieuse Thé tout le mal que je pensais d'elle. J'ai supporté chez Jérôme pendant quelques mois sa morgue, son mépris, ses insinuations fielleuses et surtout ses formules grotesquement ampoulées. Je ne voulais pas polluer son site de jérémiades personnelles... Sage décision, elle a fini par l'indisposer toute seule au point qu'il l'a jetée dehors avec un gibier d'HP répondant au nom de biratruc. Mais je n'oublie rien. Jamais.

Anonyme a dit…

Juste pour le plaisir et pour la route Thé, parce que décidément ce soir vous avez choisi de vous offrir...
"ce n'est pas moi qui manquerait à accorder"
... ManqueraiS, Thé, manqueraiS.
Non seulement vous ne comprenez pas ce que vous lisez, mais vous faites des fautes d'orthographe digne d'une sixième dyslexique.
Vous êtes linguiste ? Vous êtes à même de juger les mauvaises copies de philo ?
Avant de vous attribuer des mérites si manifestement usurpés, reprenez les bases. Sujet, verbe, complément. Faites simple. Accordez les entre eux.
Et surtout, apprenez l'humilité.
Je ne dis pas que cela vous rendra sympathique. Cela vous évitera au moins d'être ridicule.

Tanya a dit…

Nadia - BRAVO!
I am enjoying your comms (great for my french), hope you don't mind
And huge kisses to Patrick and CORINNE!!!!!!

Emilie a dit…

Magnifique chanson de notre Françoise nationale !

Total soutien à Nadia. Bises à tous les amis de "Tous les garçons" !

the a dit…

Comme samedi est jour de Marie, ne ferai qu'une apparition. C'est, de plus, jour de manif.

Le phonème est une abstraction, aurais-je dû dire.

Les propos de Lacan ont un autre sens. Et, je préfère les mots de Char :
" Les mots savent des choses de nous que nous ignorons d'eux. "

"chui, iva", c'était pour la réduction ; et "moi je" pour le redoublement.

Il se peut que ma mémoire défaille, mais je n'ai absolument aucun souvenir d'une altercation avec Nadia. Je l'ai souvent lue, échangeant des propos longs, nombreux avec birahima, mais à part une fois où je l'ai traitée de mielleuse, ce fut à peu près tout ; mon côté acrimonieux, direz vous.

Au plaisir de vous croiser à nouveau sur un des blogs que nous fréquentons.

Patrick Mandon a dit…

Thé : «mon côté acrimonieux»;
Je vous ai traitée d'acariâtre.
Pour ce qui est de Lacan, j'ai peu d'affinités avec cet homme, mais j'admire cette phrase, qui me paraît, pour une fois dans son cas, découvrir de vastes horizons…
Encore ceci : pour obtenir une «suite phonique minimale», on peut considérer qu'une onomatopée suffit. Mais cela ne fait pas du phonème une «unité de sens», et qu'imparfaitement une «abstraction». Le phonème est constitutif, du point de vue phonique, dirais-je sonore, d'un mot. Le lien entre le phonème et le son (donc, avec l'accent, par exemple, où le mode de prononciation) est sans doute essentiel.
Mais j'arrête là, car j'entraînerais trop loin cette conversation, sur un sujet qui, autrefois, m'a tant fasciné.
Pour ce qui est de votre attitude déplaisante à l'endroit de Nadia, je confirme, et je dis même qu'elle fut augmentée d'injures.
Quant à moi, je ne me plains nullement de la détestation dans laquelle vous me tenez. J'espère même l'entretenir !

Anonyme a dit…

Tanya, Emilie, you're most than welcome ! It was a pleasure.
Je vois avec amusement que l'odieuse Thé a su se faire des amis partout où elle passe.
A dire vrai, pour assumer un ego aussi bouffi et donner des leçons de linguistique à la terre entière en général et à Patrick en particulier, il vaut mieux être infaillible, et surtout pratiquer une langue fluide et souple.
Mais quand on massacre l'orthographe, quand le jargon laborieusement annoné remplace la pensée, la modestie ne devrait pas être négociable.
Je vous l'ai dit, j'ai délibérément choisi chez Jérôme de vous ignorer. J'ai les altercations en horreur, ce n'était pas l'endroit. Jérôme a beaucoup censuré la grande malade qui vous suit comme une ombre puis, lassé, a fini par vous mettre à la porte toutes les deux.
Je vous avais donc complètement oubliée quand me sont revenues en mémoire ces insupportables boursouflures verbeuses que vous nous infligiez quotidiennement, bien pires que toutes les injures du monde qui finalement glissent et passent.
Mais votre style, lui, ne glisse pas et ne passe pas ! Ne vous attardez donc pas, sinon c'est contre lui que j'irai manifester. Plus que tous les projets de retraite sarkozyste, il est une insulte au bon goût !

Anonyme a dit…

Dimanche, jour du Seigneur.
Donc, tout honneur.
Je reconnais bien volontiers ne pas avoir la main flatteuse, mais qui se plaît d'être loué ainsi à son encolure ?
J'atteste aussi de ma mémoire d'éléphanteau ; mais au cas où, suis allée chercher chez ma maman, on sait jamais, un soir de beuverie, mais tout ce que mam google a trouvé est bien le miel dont je vous ai parlé. Il y a eu de nombreux échanges entre nadia et birahima2 où elles semblaient trouver plaisir ; chacun le sien. J'avoue ne pas lire tous les commentaires des blogs que je fréquente, et, à peine le titre je glisse au suivant si les personnes m'indiffèrent.

Sinon, Lacan, essayez encore ; à certains moments, cela se lit comme du Bossuet.

Et, sinon encore, il est une infinité de possibles de dire ces phonèmes. Et, c'est bien leur seule réalité. Boucle bouclée.

C'est pas pour autant que je vais mélancouler, n'est-ce-pas ?

thé a dit…

Mon ordinateur fait des siennes et n'ai pas eu le temps de signer.
Bonne journée