samedi 5 novembre 2011

J'aimais les femmes atroces dans les quartiers énormes (4)

Voir épisodes précédents, in Jolie femme (mes liens ne fonctionnent plus !)



Métropolis a été récemment restauré. Le film est commercialisé, sous la forme d'un DVD, dans sa nouvelle apparence, par MK2 productions. La Cinémathèque française reprend une exposition de la Deutsche Kinemathek de Berlin, qu'elle enrichit de sa propre documentation, « … suite à la découverte en 2008 à Buenos Aires d’une version quasi complète du film. Composée de projections d’extraits et de pièces uniques (dessins originaux des décorateurs, robot de la « femme machine », costumes, appareils, photographies de plateau…) ».




Samedi soir, il y avait une lecture publique de la longue et belle correspondance
que Fritz Lang entretint avec son amie Eleanore Rosé. Ils s'étaient rencontrés avant la Seconde guerre mondiale, à Munich. Eleanor a vécu à Paris, puis à Londres. Ces lettres rapportent avec une belle lucidité les mouvements d'humeur, mais aussi les convictions de Lang, viennois d'origine, allemand par conviction, exilé, naturalisé américain, refusant toute appartenance à « cette race qui avait causé tant de mal au monde », revenant enfin, tel un vieil Ulysse, dans son ancienne patrie, dont il ne voulait plus parler ni écrire la langue. Les échanges entre César (Fritz Lang) et Cléopâtre (Eleanore Rosé), ainsi qu'ils se nommaient, sont toujours passionnants, parfois très émouvants. Eleanore est une remarquable personne, très fine, très cultivée ; Fritz, de son côté, se présente sans masque, veut expliquer son travail et ses intentions de cinéaste. Ces deux êtres éprouvent l'un pour l'autre une estime, une amitié, qui ne dissimulent pas une vraie tendresse :
« Ma très chère Cléopâtre,
Comme d'habitude, nos deux dernières lettres se sont croisées.C'est drôle – (pas drôle = ha ha, mais drôle = étrange) – que deux personnes qui éprouvent une telle affection l'une pour l'autre ressentent au même moment, alors qu'elles sont séparées l'une de l'autre par près de huit milles kilomètres ou plus, le besoin de s'écrire... – c ‘est l'un des mystères du monde !
»(Fritz Lang à Eleanore Rosé, janvier 1976, peu de temps avant la mort du metteur en scène).

Vous trouverez plus de détails à cette adresse : http://www.cinematheque.fr/fr/musee-collections/actualite-collections/actualite-patrimoniale/fritz-lang-eleanor-rose-dialogues-exiles.html