jeudi 2 février 2012

Fin de partie 4 – Avec plaisir



















[…]
L'intrépide Cébès penché sur notre ami,
Rappelant dans ses yeux l'âme qui s'évapore,
Jusqu'au bord du trépas l'interrogeait encore :
«Dors-tu ? lui disait-il ; la mort, est-ce un sommeil ?»
Il recueillit sa force, et dit : «C'est un réveil !
- Ton oeil est-il voilé par des ombres funèbres ?
- Non ! je vois un jour pur poindre dans les ténèbres.
- N'entends-tu pas des cris, des gémissements ?
- Non ! J'entends des astres d'or qui murmurent un nom !
- Que sens-tu ? - Ce que sent la jeune chrysalide
Quand, livrant à la terre une dépouille aride,
Aux rayons de l'aurore ouvrant ses faibles yeux,
Le souffle du matin la roule dans les cieux.
- Ne nous trompais-tu pas ? réponds : l'âme était-elle... ?
- Croyez-en ce sourire, elle était immortelle !...
- De ce monde imparfait qu'attends-tu pour sortir ?
- J'attends, comme la nef, un souffle pour partir.
- D'où viendra-t-il ? - Du ciel. - Encore une parole...
- Non ; laisse en paix mon âme, afin qu'elle s'envole !»
[…]
Alphonse de Lamartine, La mort de Socrate

En 399 avant Jésus-Christ, Socrate, accusé de corruption de la jeunesse et de négligence envers les dieux d’Athènes au profit de nouvelles divinités, se résout à boire un bol de ciguë. Son suicide s’accomplit au milieu de ses fidèles, qui le pleurent.

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