mercredi 23 mai 2012

Le décor d'une vie -2-

(suite de l'article précédent)
Or, le personnage incarné par Burt Lancaster - quel itinéraire pour cet acteur venu du cirque !- fut inspiré à Visconti, comme un salut admiratif, un hommage à une manière de maître, par le très singulier Mario Praz (1896-1982). Esprit encyclopédique, féru de littérature romantique noire, fortement « endiablée », Mario Praz est une figure européenne en voie d'extinction. Conférencier, écrivain, collectionneur, il pratiquait l'art de l'observation, de l'échange, de la conversation, de la mondanité intelligente et du partage sensible. Il réhabilita la période Néoclassique, le Second empire et, plus généralement, l'esthétique, l'art de vivre qui s'est développé entre 1760 et 1850 en Europe. L'âge néoclassique se distingue, en architecture, par l'interprétation de l'idéal greco-romain auquel il donne des proportions proprement « monumentales » (voyez les projets et travaux de Claude Nicolas Ledoux à Arc-et-Senans, et de Victor Louis à Bordeaux). En France, on peut considérer que la décoratrice Madeleine Castaing - extravagante Madeleine Castaing, qui, très âgée, contenait la chair de son menton sous la pression d'un large élastique, qu'elle portait en permanence !- appartient à son « école ».

Bon, je deviens ennuyeux, j'abrège ! Mario Praz s'est beaucoup occupé de décor, d'ameublement et d'art de vivre. Sur ce thème unique, il acquit une magnifique collection d'aquarelles, montrant de beaux intérieurs européens. Une partie importante de cette collection fit l'objet d'une exposition, au musée Marmottan, en 2002 (Paul Marmottan, lui-même grand amateur d'objets de cette époque). J'ai trop de choses à dire sur ces sujets, et, quand on a trop de choses à dire, il est préférable de se taire !

Note : Pour celles et ceux qui se rendent prochainement à Rome, qu'ils sachent que le dernier appartement qu'occupa Mario Praz, dans le palazzo Primoli, via Zanardelli 1, et tout ce qu'il contenait à la mort de celui-ci, fut acquis par l'état italien, puis transformé en musée-appartement. On y retrouve le goût prodigieux d'un homme inspiré.
Ci-dessous : portrait de Mario Praz, deux aquarelles, et une photographie de l'une des pièces de son appartement.





















On consultera éventuellement

Aucun commentaire: