lundi 18 juin 2012

L'avenir d'une guerre

Au vrai, l'appel dit du 18 juin n'a pas été enregistré, faute de techniciens disponibles à la BBC, tous s'affairant autour de Winston Churchill, qui s'apprêtait à prononcer un discours. Nous ne possédons que son texte écrit. De Gaulle enregistra vraiment un appel le 22 juin, et ses services de « propagande » imprimèrent une affiche fameuse, qui couvrirent d'abord les murs de Londres, au mois d'août suivant. C'est ainsi que s'est constitué l'esprit de la Résistance.
L'appel du 22 juin parut dans les colonnes du « Petit Provencal » et de « Marseille Matin ». 
Le 18 juin, le Général prononça ces mots, que très peu de français entendirent : 
“Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement.
Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.
Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l'ennemi.
Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd'hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n'est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des Etats-Unis.
Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.
Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres. ”

Et le texte enregistré le 22 juin : 

3 commentaires:

Nuagesneuf a dit…

« Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers (…) ,à se mettre en rapport avec moi. »


Au soir du 17 juin, un peu après 20h., très curieusement Ségolène Royal a conclu, répondant à un journaliste, a peu près ceci (je cite de mémoire) : « J’appelle toutes les françaises, tous les français, les agriculteurs, les professeurs, les commerçants, - j’en passe car la liste fut longue – à se joindre à moi !

Tout aussi curieusement, à ma connaissance, aucun journaliste ne releva ce copié/collé !

Déprimant.

Anonyme a dit…

Quatrième cérémonie au 4 Carlton Gardens, et toujours la même émotion. Pour l'occasion le cabinet d'avocats qui a élu domicile dans les locaux de la France Libre nous permet d'y entrer quelques minutes. Le bureau du Général est intact... Qui peut y pénétrer sans imaginer follement un instant qu'à peine descendu d'un lysander camouflé il va voir la haute silouhette se découper dans la fenêtre qui donne sur les jardins ? Jean Moulin et tous les autres lui font toujours cortège, je leur ai donné rendez-vous l'année prochaine, une dernière fois.

Patrick Mandon a dit…

Très beau témoignage, belle roumaine, merci !
Nuageneuf a bien vu ce qui m'avait échappé : ces gens sont sans vergogne.