lundi 18 avril 2016

La bimbeloterie antifasciste

« Une bonne partie de l’antifascisme d’aujourd’hui, ou du moins de ce qu’on appelle antifascisme, est soit naïf et stupide soit prétextuel et de mauvaise foi. En effet, elle combat, ou fait semblant de combattre, un phénomène mort et enterré, archéologique qui ne peut plus faire peur à personne. C’est en quelque sorte un antifascisme de tout confort et de tout repos. Je suis profondément convaincu que le vrai fascisme est ce que les sociologues ont trop gentiment nommé la société de consommation. » 
Pier Paolo Pasolini (1975)

L'antifascisme est une obscénité contemporaine, un attrape-nigaud, au même titre que les productions de Paul McCarthy, commerçant de l'art, fabriquant d'articles de provocation à l'usage de la nouvelle bourgeoisie. L'antifascisme, comme les déjections gonflables ou manufacturées du vieux roublard grimaçant de Los Angeles, est une balise destinée aux crétins, placée par des politiciens, ces derniers espérant prospérer sur la misère culturelle, l'ignorance politique, le pavlovisme idéologique d'une jeunesse toujours idéaliste.
Le fascisme, doctrine « totale » réellement passionnante à ses débuts, essentiellement d'origine et de destination culturelle, mérite mieux, en matière d'adversaires, que les casseurs et les enfants incultes, rejetons hagards du lamentable parti socialiste français, stationnés place de la République.
Pourquoi les pouvoirs publics ont-ils stratégiquement déserté ce quartier de Paris ? Pourquoi tolèrent-ils que se reproduisent, chaque soir, les mêmes désordres urbains, alors qu'ils ont institué l'état d'urgence ? Dans quel but ce pouvoir totalement déconsidéré laisse-t-il se fixer l'anarchie dans la capitale, alors qu'il est parfaitement en mesure de rétablir l'ordre républicain ?

Pour le plaisir, pour introduire par derrière et sans vaseline un plug anal en fil barbelé dans le fondement du vieil obsédé, milliardaire de la provoc pour lecteur de Libération, et pour rendre justice au génie créateur de l'Italie, au début du XXe siècle, excitant et dangereux, voici deux œuvres d'un immense artiste dit futuriste, Umberto Boccioni (1882-1916), mort assez tôt pour ne pas avoir connu les conséquences dramatiques de sa rage juvénile et nécessaire :
  
La strada entra nella casa (1911)



















Dimensioni astratte (1912)




















Comme remède à l'énorme bêtise ambiante, qui gagne absolument tout, je vous suggère d'acquérir ou de voler le DVD du film La Grande Bellezza, de Paolo Sorrentino (2013), où l'on voit un homme désenchanté, vieillissant mais encore séduisant, revenu des êtres et des choses, mais capable encore d'observer la grâce, errer dans la ville de la Beauté fatale, Rome. Ce film démontre avec éclat que l'Italie n'est pas tout à fait morte, et que nous pouvons compter sur la subtilité des italiens, sur leur terrible lucidité aussi, pour nous tirer d'affaire !
Je trouverai bien un moment pour vous en parler, avant de disparaître.

8 commentaires:

R. Claude a dit…

"Le nazisme est mort et il ne reviendra plus en dépit des vigilants efforts de ceux qui ont connu la grâce d'une naissance tardive et qui rêvent d'affronter le monstre pour montrer de quel bois résistant ils se chauffent."

Alain Finkielkraut, "Un coeur intelligent"

Patrick Mandon a dit…

Bonjour René Claude ! Oui, le nazisme lui aussi est mort. Avec le fascisme, cela nous fait deux cadavres enterrés, qui n'ont même plus la visite des asticots. Qu'ils demeurent dans la mémoire des hommes pour les crimes qu'ils ont commis, cela me paraît évidemment indispensable, mais il me semble vain d'entretenir artificiellement la menace d'une résurgence doctrinaire, d'une réactivation idéologique de leurs entreprises politiques. Une autre menace vient sans doute : le terme de « fasciste », que les commentateurs « assermentés » lui adjoignent souvent, est comme un masque plaqué sur leur apparence, qui les cache plutôt qu'il ne les qualifie justement.
Je persiste à penser que le mouvement fasciste, à ses débuts, dans ses manifestations culturelles, a démontré une portée passionnante, bien que dangereuse.
Je me réjouis de vous voir ici, René-Claude, car cela signifie que vous vous portez bien.

R. Claude a dit…

Bonjour Patrick,

Je partage votre intérêt pour l'art sous le fascisme qui n'était pas d'un bloc, loin de là, au grand dam des donneurs de leçons "antifa". Jusqu'à la déclaration de guerre à la France et à la Grande-Bretagne par Mussolini, les écrivains, les architectes et les plasticiens italiens eurent une marge de manœuvre impensable dans l'Allemagne hitlérienne. Il y a quelques années, un ami m'a rendu sensible à l'originalité des architectes modernistes en Italie dans les années 30. On perçoit nettement la double influence Bauhaus et futuriste. Alors que l'architecture sous le nazisme est comment dire, mortifère, les expériences italiennes - écoles, colonies de vacances, locatifs, etc. - sont dynamiques et n'ont pas à rougir de la comparaison avec les meilleurs réalisations de l'entre-deux guerres.
http://www.artefascista.it/nardi_greco_camillo__fascismo__architettur.htm
Bonne fin de semaine
(Je ménage mon cœur qui a failli me lâcher il y a quelques mois.)

R. Claude a dit…

PS : Je joins le lien vers la version française du site consacré à l'art et l'architecture sous le fascisme dont je parlais dans mon commentaire précédent.
http://www.artefascista.it/AA_FRANCESE_INDEX_artefascista.it.htm
L'introduction précise :
"Ce site n'est pas un site "fasciste", mais parle de la période fasciste et peut être appelé une "fascioteca". En ces temps de procès et de bûchers médiatiques, il est utile de le préciser. Certains bâtiments montrés dans ces pages sont épatants.

Patrick Mandon a dit…

Merci pour tous ces détails et pour cette brève analyse, René Claude. J'ai su, par votre blogue, que vous aviez connu un épisode « cardiaque ». Vous l'avez brièvement mais efficacement décrit ; l s'est produit en France, crois-je me souvenir : j'espère que l'« économie » nécessaire de vos forces ne vous contraint pas excessivement. J'ai toujours été très sensible à l'esthétique de votre blogue, ainsi qu'à la sobriété savante de votre écriture. j'invite d'ailleurs toutes celles et tous ceux qui passent par ici à vous y retrouver. Cet homme a une classe folle !

R. Claude a dit…

Merci de ces compliments. Je vais rougir comme une collégienne. ;) Dans mon bout de Suisse, je me sens parfois un peu isolé. Heureusement, le ouèbe désenclave.

l'Hector a dit…

Vous allez vite en besogne. Le fascisme est peut-être mort en tant que régime politique (et encore faut voir sous quel nom antifasciste il peut renaître) mais il n'est pas enterré. "Toute langue est fasciste" disait Barthes. Le travail des philologues et psychanalystes l'ont dévoilé.

Patrick Mandon a dit…

l'Hector (Lector ?) :
À propos de Barthes et du « fascisme » inhérent à la langue (à toute langue des « maîtres » sans doute…), il s'agit évidemment d'une belle ânerie, comme vous le savez. Barthes était un esprit subtil, mais, de son voyage plein de révérence en Chine sous Mao, en 1974, à quelques autres bourdes, il aura tracé un beau petit chemin de bêtise « vintage ». Rappelez-vous ce qu'avait écrit, bien plus tard, Simon Leys, après la réédition de son « voyage en Chine » : « Devant les écrits «chinois» de Barthes (et de ses amis de Tel Quel), une seule citation d'Orwell saute spontanément à l'esprit : ”Vous devez faire partie de l'intelligentsia pour écrire des choses pareilles; nul homme ordinaire ne saurait être aussi stupide”.»
Bien saignant, n'est-ce pas ?